Patrick et moi partons pour un périple au Cambodge en août...
Pour me mettre l'eau à la bouche, j'ai plongé dans le récit de voyage que Pierre Loti a effectué à Angkor... en 1901...extraits:
"Lundi,
25 novembre 1901
L’air
ici est déjà moins accablant qu’à Saigon, moins chargé d’élétricité
et de vapeur d’eau. On se sent mieux vivre.
Et
une mélancolie tout autre émane de cette ville, qui est perdue à l’intérieur
des terres, qui n’a ni grands
navires, ni matelots ni animation d’aucune sorte. Voici relativement peu
d’années que le roi norodom a confié son pays à la France, et déjà tout
ce que nous avons bâti à Pnom-Penh a pris un air de vieillesse, sous la brûlure
du soleil : les belles rues droites que nous avons tracées, et ou personne
ne passe, sont verdies par les herbes ; on croirait l’une de ces colonies
anciennes, dont le charme est fait de désuétude et de silence...
...
A
trois heures de l’après midi, je fais appareiller pour continuer mon voyage
vers les ruines d’Angkor, en remontant le cours du Mékong.
Aussitôt
disparaît Pnom-Penh. Et la grande brousse asiatique recommence de nous
envelopper entre ses deux rideaux profonds, en même que se révèle, partout
alentour, une vie animale d’intensité fougueuse. Sur les rives, que nous frôlons
presque, des armées d’oiseaux pécheurs se tiennent au guet, pélicans,
aigrettes et marabouts. Parfois des compagnies de corbeaux noircissent l’air.
Dans le lointains, se lèvent des petits nuages de poussière verte, et quand
ils s’approchent, ce sont des vols d’innombrables perruches. Ca et là, les
arbres sont pleins de singes, dont on voit les longues queues alignées pendre
comme une frange à toutes les branches.
De
loin en loin, des habitations humaines en groupe perdu. Toujours un fuseau
d’or les domine, pointant vers le ciel : la pagode."