mardi 17 juillet 2012

Lecture de vacances...

Patrick et moi partons pour un périple au Cambodge en août...
Pour me mettre l'eau à la bouche, j'ai plongé dans le récit de voyage que Pierre Loti a effectué à Angkor... en 1901...extraits: 


"Lundi, 25 novembre 1901

L’air ici est déjà moins accablant qu’à Saigon, moins chargé d’élétricité et de vapeur d’eau. On se sent mieux vivre.
Et une mélancolie tout autre émane de cette ville, qui est perdue à l’intérieur des terres, qui  n’a ni grands navires, ni matelots ni animation d’aucune sorte. Voici relativement peu d’années que le roi norodom a confié son pays à la France, et déjà tout ce que nous avons bâti à Pnom-Penh a pris un air de vieillesse, sous la brûlure du soleil : les belles rues droites que nous avons tracées, et ou personne ne passe, sont verdies par les herbes ; on croirait l’une de ces colonies anciennes, dont le charme est fait de désuétude et de silence...
...
A trois heures de l’après midi, je fais appareiller pour continuer mon voyage vers les ruines d’Angkor, en remontant le cours du Mékong.
Aussitôt disparaît Pnom-Penh. Et la grande brousse asiatique recommence de nous envelopper entre ses deux rideaux profonds, en même que se révèle, partout alentour, une vie animale d’intensité fougueuse. Sur les rives, que nous frôlons presque, des armées d’oiseaux pécheurs se tiennent au guet, pélicans, aigrettes et marabouts. Parfois des compagnies de corbeaux noircissent l’air. Dans le lointains, se lèvent des petits nuages de poussière verte, et quand ils s’approchent, ce sont des vols d’innombrables perruches. Ca et là, les arbres sont pleins de singes, dont on voit les longues queues alignées pendre comme une frange à toutes les branches.
De loin en loin, des habitations humaines en groupe perdu. Toujours un fuseau d’or les domine, pointant vers le ciel : la pagode."